Quand on commence à écrire, on se pose souvent la même question : combien de mots doit faire un roman ? Et surtout : comment savoir si ce qu’on a écrit est une nouvelle, une novella, ou un roman ? La longueur d’un texte littéraire ne sert pas seulement à mesurer son volume : elle détermine aussi son genre, sa structure, ses attentes éditoriales et même sa place en librairie. Pour un·e écrivain·e débutant·e, comprendre ces distinctions est essentiel pour présenter correctement un manuscrit à un éditeur, un concours ou à son futur lectorat.
Dans ce guide complet, nous allons voir comment classer votre texte selon son nombre de mots, comprendre les différences entre nouvelle, grande nouvelle, novella et roman, et apprendre à nommer votre manuscrit avec précision et professionnalisme.
Pourquoi le nombre de mots d’un roman est-il si important ?
Il ne s’agit pas seulement d’une question technique. La longueur d’un manuscrit influence :
- Son genre littéraire : un polar court ne se lit pas comme une fresque historique.
- Sa classification éditoriale : éditeurs et libraires doivent savoir dans quelle collection placer votre texte.
- L’expérience de lecture : rythme, profondeur, développement des personnages varient énormément selon la taille.
- L’accès à certains concours : la plupart exigent une longueur minimale ou maximale.
En résumé, connaître le nombre de mots de votre roman ou nouvelle est une étape clé pour le positionner correctement dans l’univers éditorial.
Tableau récapitulatif : longueur d’un manuscrit selon sa catégorie
Voici les repères généralement admis dans l’édition francophone. Ils peuvent varier légèrement selon les maisons d’édition, mais ils constituent une base fiable :
| Type de texte | Nombre de mots approximatif | Nombre de pages estimé* | Désignation courante |
|---|---|---|---|
| Micro-nouvelle / Flash fiction | < 1 000 | 1 à 4 pages | Microfiction |
| Nouvelle | 1 000 – 20 000 | 5 à 80 pages | Nouvelle |
| Grande nouvelle | 20 000 – 30 000 | 80 à 120 pages | Grande nouvelle |
| Novella / Roman court | 30 000 – 50 000 | 120 à 200 pages | Novella |
| Roman | 50 000 – 110 000 | 200 à 400 pages | Roman |
| Roman long / Saga | > 110 000 | > 400 pages | Saga, épopée |
* Estimation sur la base d’une mise en page standard (250-300 mots par page).
Les différentes catégories littéraires selon la longueur
1. La micro-nouvelle ou « flash fiction » (< 1 000 mots)
Si votre texte fait moins de 1 000 mots, il s’agit d’une micro-nouvelle, parfois appelée flash fiction.
C’est une histoire complète racontée en quelques paragraphes seulement. Elle doit aller droit au but, sans détours, souvent avec une chute percutante.
- Idéal pour : ateliers d’écriture, concours de nouvelles très courtes, publications en ligne.
- Objectif : créer un impact émotionnel immédiat.
- Exemple : les textes d’Ernest Hemingway (« For sale: baby shoes, never worn. » – 6 mots).
Si vous écrivez ce format, ne l’appelez pas « roman » : assumez le terme micro-nouvelle, très apprécié dans les cercles littéraires.
2. La nouvelle (1 000 à 20 000 mots)
La nouvelle est l’une des formes les plus classiques de la littérature courte. Elle se concentre sur un seul moment clé, un seul conflit ou une seule idée.
Elle laisse peu de place aux intrigues secondaires et va droit à l’essentiel.
- Structure typique : situation initiale → montée en tension → dénouement / chute.
- Objectif : surprendre, frapper ou émouvoir rapidement.
- Où les publier : concours, revues, recueils thématiques.
Si votre texte tourne autour de 5 000 à 15 000 mots, il s’agit presque à coup sûr d’une nouvelle. Il est inutile, et risqué, de le présenter comme un roman à un éditeur.
3. La grande nouvelle (20 000 à 30 000 mots)
Entre la nouvelle et la novella, il existe une zone intermédiaire : la grande nouvelle.
Elle conserve le rythme et la densité d’une nouvelle, mais permet davantage de développement psychologique, d’atmosphère ou de complexité narrative.
- Longueur : environ 20 000 à 30 000 mots.
- Avantage : plus de souffle qu’une nouvelle, sans les exigences d’un roman.
- Exemple célèbre : Le Vieil Homme et la Mer (Hemingway).
Dans les appels à textes, ce format est parfois appelé long short story ou nouvella (terme parfois utilisé en français, bien que rare).
4. La novella ou « roman court » (30 000 à 50 000 mots)
C’est une catégorie à part entière, souvent méconnue des débutants. La novella (du latin novella, « petite histoire ») est un format intermédiaire entre la nouvelle et le roman. Elle propose une intrigue complète, structurée en plusieurs chapitres, mais concentrée autour d’un seul axe narratif fort.
- Longueur : environ 30 000 à 50 000 mots.
- Contenu : une intrigue principale, peu ou pas de sous-intrigues, mais une profondeur psychologique.
- Exemples : Des souris et des hommes (Steinbeck), L’Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde (Stevenson).
Beaucoup d’auteurs débutants écrivent naturellement des novellas sans le savoir. Plutôt que de les allonger artificiellement pour en faire un roman, mieux vaut assumer ce format, très apprécié des éditeurs de littérature de genre (science-fiction, polar, fantastique…).
5. Le roman (50 000 à 110 000 mots)
Le roman est la forme narrative la plus répandue et la plus attendue par les éditeurs. Il développe plusieurs personnages, explore des arcs narratifs secondaires, et offre une immersion longue dans un univers.
- Longueur typique : 70 000 à 100 000 mots.
- Structure : exposition – développement – climax – résolution, souvent en plusieurs sous-intrigues.
- Genres : roman d’apprentissage, roman psychologique, roman policier, roman historique, roman contemporain…
En deçà de 50 000 mots, un texte risque d’être jugé trop court pour ce label. Au-delà, il devient un roman « long », parfois qualifié de saga.
6. Le roman long ou saga (> 110 000 mots)
Certains récits ont besoin de plus d’espace pour déployer leur richesse. Les romans longs (ou sagas) dépassent souvent les 110 000 mots et offrent une expérience de lecture immersive, sur plusieurs fils narratifs.
- Longueur : 110 000 à 200 000 mots (parfois plus).
- Genres : fantasy, science-fiction, roman historique, fresques familiales.
- Exemples : Les Misérables (Hugo), Guerre et Paix (Tolstoï), Game of Thrones (George R. R. Martin).
Ce format est plus risqué pour un premier roman : plus long à écrire, plus coûteux à imprimer, plus difficile à placer chez un éditeur. Mais il peut séduire dans certains genres spécifiques.
Comment savoir dans quelle catégorie se situe votre manuscrit ?
Si vous ne savez pas comment nommer votre texte, commencez par compter son nombre de mots. Tous les logiciels d’écriture (Word, Scrivener, Google Docs) offrent cette fonction. Voici quelques repères simples :
- Moins de 20 000 mots → nouvelle
- 20 000 à 30 000 mots → grande nouvelle
- 30 000 à 50 000 mots → novella / roman court
- 50 000 à 110 000 mots → roman
- Plus de 110 000 mots → roman long / saga
Astuce : ne vous fiez pas au nombre de pages. Selon la police, la mise en forme ou les dialogues, une page peut contenir entre 200 et 350 mots. Le nombre de mots est la seule mesure fiable.
Pourquoi bien nommer son manuscrit change tout
Savoir comment nommer votre texte n’est pas qu’un détail : cela montre aux éditeurs que vous connaissez les codes du métier. Voici trois raisons majeures de le faire :
1. Donner une bonne première impression
Appeler « roman » une histoire de 18 000 mots peut être rédhibitoire. Les éditeurs repèrent immédiatement une erreur de catégorie.
2. Choisir les bons concours et appels à textes
De nombreux concours exigent une longueur précise. Un texte de 35 000 mots envoyé à un concours de nouvelles sera disqualifié.
3. Respecter les attentes des lecteurs
Les lecteurs choisissent un livre en fonction de son format. Une novella se lit d’une traite, un roman se savoure sur plusieurs jours : les attentes ne sont pas les mêmes.
Conseils pour les écrivains débutants
- N’essayez pas d’allonger artificiellement votre texte. Une histoire doit avoir la longueur qu’elle mérite.
- Faites confiance à votre premier jet. Beaucoup d’auteurs écrivent naturellement des nouvelles ou des novellas avant de se lancer dans un roman.
- Lisez des textes de chaque catégorie. Cela vous aidera à sentir leurs différences de rythme, de structure et de ton.
- Annoncez votre manuscrit clairement. Par exemple : « novella de 38 000 mots », « recueil de nouvelles », « roman de 85 000 mots ».
La longueur, un outil pour mieux présenter votre œuvre
Connaître le nombre de mots d’un roman ou d’une nouvelle ne consiste pas à enfermer votre écriture dans des cases : c’est comprendre où se situe votre texte et comment le présenter au monde.
Chaque format, de la micro-nouvelle fulgurante à la saga monumentale, possède sa beauté propre et ses exigences narratives. Savoir le nommer, c’est valoriser votre travail, mieux dialoguer avec les éditeurs et surtout trouver le bon public.
Alors, avant d’envoyer votre manuscrit, posez-vous la question : combien de mots fait-il vraiment ? La réponse déterminera son nom… et peut-être aussi son destin littéraire.
À retenir :
- < 1 000 mots → Micro-nouvelle
- 1 000 – 20 000 → Nouvelle
- 20 000 – 30 000 → Grande nouvelle
- 30 000 – 50 000 → Novella / Roman court
- 50 000 – 110 000 → Roman
- 110 000 → Roman long / Saga






