Roman personnel
Le genre Autofiction est un territoire mouvant, une ligne de crête entre le réel et l’inventé, entre le « je » vécu et le « je » rêvé. L’écrivain y avance masqué, le cœur à nu sous un voile de fiction. L’autofiction, c’est l’intime travesti, le souvenir en costume de scène, la vérité offerte comme un roman. Elle ne ment pas, mais elle joue. Elle tord, déplace, recompose, non pour trahir le réel, mais pour en extraire une forme plus juste que la stricte fidélité.
Ce genre singulier s’épanouit là où l’autobiographie s’arrête. Il ose ce que le récit de soi interdit : transformer, inventer, dériver. L’auteur s’y fait personnage, sa vie devient matière narrative, son passé une trame réécrite au gré des pulsions, des manques, des fantaisies. On y trouve la vérité de l’émotion plus que celle des faits, l’aveu en clair-obscur, l’identité dans ses plis, ses reflets, ses contradictions.
L’autofiction brouille les pistes. Le lecteur avance dans un labyrinthe où chaque mot peut être vécu ou rêvé, chaque douleur réelle ou rejouée. C’est un pacte tacite entre l’auteur et son lecteur : croire sans demander de preuve, ressentir sans vérifier.
Aujourd’hui, certaines maisons d’édition, sensibles à ces voix troubles et audacieuses, publient ces textes d’entre-deux, ni romans, ni confessions, mais quelque chose de plus libre, de plus risqué aussi. Elles savent reconnaître dans ces narrations hybrides une forme littéraire en pleine tension, en quête de sens et d’authenticité. Grâce à elles, l’autofiction continue de creuser le mystère du « je », entre ombre et lumière, entre mémoire et invention – et nous rappelle que la littérature n’est jamais aussi puissante que lorsqu’elle ose mêler le vrai à l’imaginaire.
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